Peugeot 208 Racing… Top ou Flop ?…

Peugeot 208 Racing… Top ou Flop ?…

Une révélation surprise au sommet !

La présentation officielle de la 208 Racing et du trophée FFSA FR6 eut lieu lors de la finale des rallyes à Nice en octobre dernier. Et ce fut un coup de théâtre absolu car la surprise fut de taille.

Personne ne s’attendait d’y découvrir cette auto, accompagnée, par ailleurs d’un challenge fédéral, et de plus, d’un nouveau groupe et d’une nouvelle classe réglementaires estampillées France… Youpi !!!..

Vue du cockpit de la Peugeot 208 Racing

Un prix qui divise les passionnés

Mais la joie des aficionados fut quelque peu ternie par le tarif affiché de la petite lionne… 38900 € hors taxes soit près de 47000 € TTC. Il est vrai qu’en proposant sa petite lionne, Stellantis insista sur « Un prix de véhicule accessible facilitant l’accès à la compétition » Un slogan plutôt tapageur propre à attirer les foules, mais peu réaliste lorsqu’on a 20 ans…

Alors, nos compères passionnés se sont-ils déchaînés sur les réseaux sociaux qui, comme chacun sait colporte des vérités incontournables… Mais revenons sur terre !

 

Stellantis, qui n’est pas à priori une œuvre de bienfaisance, a dû plancher sérieusement sur le projet de notre fédé afin de sortir un véhicule de rallye cohérent avec les réglementations actuelles, les normes de toutes sortes, les contraintes économiques et de faisabilité. Il faut comprendre que ces véhicules sont assemblés à l’unité… Nous sommes loin de la grande série. Ceci explique cela.

Vue arrière de la Peugeot 208 Racing

La réalité derrière les chiffres

Du coup, je pense que c’est plutôt le slogan publicitaire qu’il faudrait remettre en question car, et l’on nous présente régulièrement cette comparaison, la Clio rally5 neuve coûte près de 65000 € tout compris. Il est possible effectivement de dénicher un modèle d’occasion aux alentours de 48000 € mais en version phase 1 et souvent à réviser totalement y compris le coûteux réservoir souple.

Alors, moi, de tous temps, humble défenseurs des jeunes pilotes en devenir, je préfère retenir les points positifs de l’opération et saluer le courage de Stellantis qui, par ce défi, guidé par la main bienfaitrice de notre FFSA, ouvre une voie qui sera, je le souhaite, copiée par d’autres constructeurs.

 

Des coûts maîtrisés pour une nouvelle ère

Il convient de se féliciter principalement des infimes coûts de fonctionnement et d’entretien de cette nouvelle bombinette. Tous ses composants sont issus de véhicules existant dans la gamme étoffée Stellantis. Tenez-vous bien : Moteur Peugeot 1.2 Puretech poussé à 145ch via un faisceau spécifique et une gestion type rally4. Boite de vitesse d’un modèle utilitaire équipé du couple le plus court possible, gage de fiabilité. Les triangles et les freins surdimensionnés  proviennent d’un modèle électrique. Les jantes tôle sont issues des roues installées en attente sur les chaînes de production. Mais, planche de bord, caisse, éléments de sécurité, combinés ressorts-amortisseurs, plaquettes de frein, sont de vraies pièces compétition. Par ailleurs, l’obligation d’utiliser les seuls pneumatiques Michelin Pilot Sport assurera une maîtrise totale des coûts quand on sait qu’en rallye c’est le poste le plus onéreux. Par exemple pour un rallye national de 120 km de spéciales, avec Peugeot 208 Racing, le budget pneus sera de 200 €, à comparer avec les 1200 € des enveloppes compétition, soit une économie énorme de 1000 €. L’utilisation du carburant  bioéthanol est plutôt une image de bon soldat car le poste essence est peu représentatif dans les frais globaux d’un rallye.

 

Les commandes semblent aller bon train chez Stellantis… On approcherait la cinquantaine, dont une partie substantielle est constituée par les loueurs.

Au plan des performances, je pense que la 208 Racing devrait rendre 2 secondes au kilomètre à la fameuse Clio rally5, soit un équivalent des meilleures N2.

 

Une révolution pour les jeunes talents

Un avantage essentiel, par ailleurs, est la création par la FFSA de ce nouveau groupe (FRC6) qui pourra autoriser, pour les meilleurs, des résultats au groupe et à la classe (FR6) avec les points Coupe de France et les dotations associées.

Stellantis explique que lors d’une saison les rares interventions sur l’auto concerneront les vidanges et les changements de plaquettes de frein… De quoi rêver ! Et, cerise sur le gâteau, la FFSA négocie avec les assureurs « racing » des primes ultra réduites afin, là aussi, de limiter les coûts de fonctionnement… Que demande le peuple ?..

 

Joël Moulin

Thomas Badel, le redoutable technicien

Thomas Badel, le redoutable Technicien

Finale de la coupe de France des rallyes de Nice.

Un exploit inattendu au volant d’une Clio Williams légendaire

Terminer dixième lors d’une finale de coupe de France, et ceci au volant d’une antique
Clio Williams, n’est pas à portée du premier venu.

C’est pourtant ce qu’a réalisé Thomas Badel à Nice ce week-end d’octobre 2024. Défavorisé par son manque de connaissance du terrain et un problème mécanique survenu la veille du départ, Thomas fit appel à toute son énergie afin d’accrocher cette belle place.

 

Une préparation minutieuse pour affronter les ténors

Nombre d’observateurs ont salué l’exploit, mais en matière de sport, il n’y a pas de hasard. Et l’homme justifie ce classement par des réglage rigoureux de l’auto, bien sûr, mais surtout par un travail acharné et méticuleux sur ses notes de reconnaissance, et ceci tout en respectant les 3 passages réglementaires. Conformément à l’habitude, Thomas s’est-il enfermé durant…une vingtaine d’heure – excusez du peu – devant son écran et ses vidéos de recos.

Traquer le moindre détail, revoir les points de corde, de freinage ou encore le rythme des enchaînements et les repères visuels remplirent ce long moment afin d’être le plus pertinent possible le jour de l’évènement. Et ce travail de préparation fut plutôt payant… Ainsi, bien aidé par ses pneus Hoosier, Thomas en termine t-il au huitième rang de l’ES1 truffée de zones humides particulièrement piégeuses. La petite Clio jaune et noire, du haut de ses quelque 30 ans, terrasse ses plus coriaces adversaires de la classe F2/14 relégués à près de 10 secondes. De plus, les récentes Alpine A110 GT+ de Godard et Panagiotis sont-elles également mangées par la petite Renault qui les toise désormais avec amusement du haut de ses petites roues de 15 pouces…

Thomas frappera à nouveau lors des ES 2 et 3 pour figurer à la huitième place scratch à la fin du premier tour. Notons que vingt secondes auraient encore pu être gagnées lors de ce round préliminaire sans l’obstruction, sans doute involontaire, du numéro 53 et une panne de direction assistée survenue à 8 km de l’arrivée du Turini…

Le deuxième tour ne sera qu’un copié-collé du premier. Thomas y assommera à nouveau la concurrence tout en connaissant dans le Turini, et au même endroit, une nouvelle panne de direction assistée…

 

L’avenir s’annonce prometteur pour l’équipe Badel

Fort de ce résultat encourageant, face à une concurrence plutôt affûtée, l’équipe Badel nourrit pour 2025 des ambitions à la hausse. Et pourquoi pas en championnat de France, à l’instar de Ludovic Jeudy qui vient lui-aussi jouer les trouble-fête au beau milieu de la hiérarchie nationale ? Nul doute que les spectateurs en seraient ravis !..

La rigueur de Thomas Badel n’a d’égale que son humilité, et cela force le respect.

Pour preuve, il associe à ses performances l’empreinte de son épouse Aurélie, qui occupe avec conviction le siège de droite et sans qui, selon lui, il n’en serait pas à ce niveau là. Il est vrai qu’elle participe également aux définitions des set-up. Mais elle possède, par ailleurs, un vrai don pour le copilotage et sait calmer son fougueux pilote de mari lorsqu’il atteint des limites qui dépassent la raison.

Et dans ce même registre d’humilité, le valeureux pilote me confia, lors de son passage au podium de Nice, que la lecture de mes deux livres sur les techniques du rallye l’avaient bien aidé, il y a de cela quelques années, cela m’a profondément touché !…

 

Joël Moulin

Thomas et Aurélie BADEL au volant de leur Clio Williams

La puce corrige les éléphants !

La puce corrige les éléphants !

Rallye Val-d’Ance, septembre 2024.

La puce, c’est la petite Peugeot 106 N2 de l’équipage Sébastien Berger et René Bret. Les éléphants sont les grosses Clio R3, Mégane N4 ou autres Alpine A110…

Tenez-vous bien !.. Arrivée de l’ES1 : notre puce se place en 3ème position scratch au nez et à la barbe d’une Skoda Fabia Rally2 de 300cv et ses 4 roues motrices, une Subaru A8 de même puissance et une Clio F2/14 de 280cv. En face,  la petite 106 de Berger, du haut de ses 30 ans révolus affiche péniblement 140cv, étroitement assise sur ses petites roues de 14 pouces et ses pneus Pirelli d’un autre âge…

Mais comment cela a-t-il été possible ? Eh bien avec le talent, naturellement, et ceci même si les conditions de course ont bien aidé à ce magnifique exploit. Car il faut préciser que l’ES 1 qui passe par Tiranges, haut lieu des compétitions routières depuis les années 70, fut amputée de toute la partie en montée, suite à une sortie de route. De plus le bitume se trouvait totalement détrempé au passage des ténors, ainsi la 106 de Berger se sentit pousser des ailes dans la vertigineuse descente sur « Le Vert » avec ses pneus tendres, bien servie, il est vrai, par le terrain qui s’asséchait. Mais ceci n’explique pas tout car dans l’ES 2, Berger fait à nouveau parler la poudre en terminant aux fesses de Lecureux et sa magnifique Alpine A110.

Durant toute la journée, la petite 106, menée de main de maître par Berger, continua d’assommer la concurrence pour finir à une magnifique 10ème place scratch, entourée de la récente Clio R3T de Lafont et de la méchante Mégane N4 de Freycenet. Qui dit mieux ?..

Morale de l’histoire ? Sébastien Berger nous confiera, à l’arrivée, que la valeur de son auto est d’environ 15000 €. Elle lui permit de lutter contre des monstres dix  fois plus chers… Alors il est plutôt rassurant de comprendre que, même à notre époque, dirigée par le « fric » il est encore possible de se faire remarquer avec son seul talent. Merci Sébastien Berger pour cette belle leçon de pilotage, de hargne et d’humilité. Que tous les jeunes pilotes en herbe puissent en prendre de la graine !..

Joël Moulin

Sébastien Berger et son copilote René Bret au volant de la Peugeot 106 N2

Association sportives et filière « rallye jeunes »

Associations sportives & filière « rallye jeunes »

Durant les années 60/70, les pays nordiques ont été les premiers à créer des centres de formation complète au rallye. Pendant ce temps, la France se limitait à proposer de coûteuses écoles de pilotage dédiées pour la plupart à la formation de pilotage sur circuit. La formation au rallye, que ce soit pour les pilotes ou copilotes, demeurait un exercice « autodidacte » (sans jeu de mots) et s’effectuait de façon plutôt aléatoire sur route ouverte entre amis.

De nos jours, il existe quelques écoles de pilotage rallye, dont certaines ont fait leurs preuves. Mais il faut noter et ceci est un phénomène purement français, le coup de maître de notre fédération sportive qui créa en 1974 la filière « rallye jeunes » dévolue à la détection de jeunes pilotes talentueux. Et ce processus est un réel succès, il n’est qu’à voir les pilotes issus de cette filière et qui ont brillé ou brillent encore au firmament des pilotes de course sur route. Citons parmi eux Sébastien Loeb, Sébastien Ogier, Eric Camilli ou encore Adrien Fourmaux qui explose cette année en championnat du monde.

Pour ce qui est des copilotes, ou de la formation complète au rallye, l’offre est plus mince et se limite essentiellement à des sessions programmées pas des associations sportives ou autres écuries locales. Il faut en saluer l’existence quand on sait que ce sont principalement des bénévoles qui œuvrent lors de ces journées d’apprentissage.

Joël Moulin